Des assoiffés d'azur, des
         poètes, des fous.

         ...

         Regardez-les, vieux coq,
         jeune oie édifiante!
         Rien de vous ne pourra
         monter aussi haut qu'eux.
         Et le peu qui viendra
         d'eux à vous, c'est leur
         fiente.
         Les bourgeois sont troublés
         de voir passer les gueux.

      Regardez-les, vieux coq,
      jeune oie édifiante!
      Rien de vous ne pourra
      monter aussi haut qu'eux.
      Et le peu qui viendra d'eux
      à vous, c'est leur fiente.
      Les bourgeois sont troublés
      de voir passer les gueux.

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        Les oiseaux de passage

        ...         

        Oh! vie heureuse des
        bourgeois! Qu'avril
        bourgeonne
        Ou que décembre gèle,
        Ils sont fiers et contents.
        Ce pigeon est aimé trois
        jours par sa pigeonne;
        Ça lui suffit, il sait que
        l'amour n'a qu'un temps.

      Ce dindon a toujours béni
      sa destinée.
      Et quand vient le moment
      de mourir, il faut voir
      Cette jeune oie en pleurs:
      "C'est là que je suis née;
      Je meurs près de ma mère
      et j'ai fait mon devoir."

      ...

      Elle a fait son devoir!
      C'est-à-dire que oncque
      Elle n'eut de souhait
      impossible, elle n'eut

         Aucun rêve de lune,
         aucun désir de jonque
         L'emportant sans rameurs
         sur un fleuve inconnu.

         ...

         Et tous sont ainsi faits!
         Vivre la même vie
         Toujours, pour ces gens-là
         cela n'est point hideux.
         Ce canard n'a qu'un bec,
         et n'eut jamais envie
         Ou de n'en plus avoir
         ou bien d'en avoir deux.

      ...

      N'avoir aucun besoin de
      baisers sur les lèvres
      Et, loin des songes vains,
      Loin des soucis cuisants,
      Posséder pour tout cœur
      un viscère sans fièvres,
      Un coucou régulier et
      garanti dix ans!

      Oh! les gens bienheureux!...
      Tout à coup, dans l'espace,
      Si haut qu'il semble aller
      lentement, en grand vol

         En forme de triangle arrive
         plane et passe.
         Où vont-ils? Qui sont-ils?
         Comme ils sont loin du sol!

         ...

         Regardez-les passer! Eux
         ce sont les sauvages.
         Ils vont où leur désir le veut,
         par-dessus monts,
         Et bois, et mers, et vents, et
         loin des esclavages.
         L'air qu'ils boivent ferait
         éclater vos poumons.

      Regardez-les! Avant
      d'atteindre sa chimère,
      Plus d'un, l'aile rompue
      et du sang plein les yeux,
      Mourra. Ces pauvres gens
      ont aussi femme et mère,
      Et savent les aimer aussi
      bien que vous, mieux.

      Pour choyer cette femme
      et nourrir cette mère,
      Ils pouvaient devenir
      volailles comme vous.
      Mais ils sont avant tout
      des fils de la chimère,